Yann Lestrat

né en 1972 à Lorient, France
vit et travaille à Rennes, France


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Yann Lestrat, Nevroz, 2003

production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes

Nevroz, 2003

édition d’objet, diamètre 7,62 cm, polyester blanc brillant
fiole de niveau à bulle

En 1908, Sigmund Freud met en évidence trois traits de caractère que l’on retrouve dans la névrose obsessionnelle : l’amour de l’ordre, le souci d’économie et l’entêtement. Yann Lestrat en stigmatise les troubles dans un objet édité à 200 exemplaires—Nevroz—une sphère blanche brillante dans laquelle a été inséré un niveau à bulle. La tension qui se crée entre le niveau – qui exacerbe l’idée d’équilibre- et l’inaptitude de la sphère à maintenir cet équilibre en fait un objet de frustration. L’œuvre démontre avec une évidence et une efficacité implacable l’illusion de l’action, et l’absurdité de cette recherche d’absolu.

 

 

 

La définition de l’obsessionnel par Charles Baladier permet de pointer un des aspects qui fonde toute l’ambivalence de l’œuvre.  » Maître dans l’art d’annuler, de déplacer, de nier, d’amortir les plus indéniables intentions agressives, [l’obsessionnel] ne réussit aussi bien à se mettre à l’abri du moindre désir et de la moindre responsabilité que parce que tout cela, selon lui, ne peut avoir pour horizon que la mort, la mort qui le regarde de ses yeux de bitume ». Paradoxalement, dégagé de toute fonctionnalité, Nevroz apparaît comme un objet peu inquiétant, purement esthétique. N’est-ce pas là que réside la perversité (ambiguïté ? ?perversité est peut être trop fort) et l’ironie de l’œuvre ?

Alexandra Gillet

«L’ensemble de mon travail de plasticien s’articule autour d’une réflexion sur la notion d’équilibre psychique, individuel ou collectif. Cette démarche s’est initiée avec une série de travaux développés autour de la symptomatologie propre à la névrose obsessionnelle, introduction à une interrogation sur les rapports réels ou supposés entre l’art et les maladies mentales. Au fil des réalisations, le champ d’évolution s’étend à la construction d’un regard appliqué à l’observation et à la compréhension des structures concrètes ou mentales constitutives des sociétés modernes, incluant le fonctionnement et les effets sur les individus des différents systèmes normatifs en vigueur.»

Yann Lestrat


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Yann Lestrat, Peinture (s), vue de l’exposition Yann Lestrat, La Criée centre d’art contemporain, 2005

production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes

photo : Benoît Mauras

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Yann Lestrat, Peinture (s), vue de l’exposition Yann Lestrat, La Criée centre d’art contemporain, 2005

production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes

photo : Benoît Mauras

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Yann Lestrat, Peinture (s), vue de l’exposition Yann Lestrat, La Criée centre d’art contemporain, 2005

production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes

photo : Benoît Mauras

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Yann Lestrat, Peinture (s), vue de l’exposition Yann Lestrat, La Criée centre d’art contemporain, 2005

production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes

photo : Benoît Mauras

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Yann Lestrat, Peinture (s), vue de l’exposition Yann Lestrat, La Criée centre d’art contemporain, 2005

production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes

photo : Benoît Mauras

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Yann Lestrat, Peinture (s), vue de l’exposition Yann Lestrat, La Criée centre d’art contemporain, 2005

production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes

photo : Benoît Mauras

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Yann Lestrat, Peinture (s), vue de l’exposition Yann Lestrat, La Criée centre d’art contemporain, 2005

production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes

photo : Benoît Mauras

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Yann Lestrat, Peinture (s), vue de l’exposition Yann Lestrat, La Criée centre d’art contemporain, 2005

production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes

photo : Benoît Mauras

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Yann Lestrat, Peinture (s), vue de l’exposition Yann Lestrat, La Criée centre d’art contemporain, 2005

production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes

photo : Benoît Mauras

Peinture (s), 2005

Peinture n°24, impression lambda sous réseau lenticulaire, sur dibon, diptyque, 120 x 215 cm l’ensemble
Peinture n°25, impression lambda sous réseau lenticulaire, sur dibon, diptyque, 120 x 215 cm l’ensemble
Peinture n°26, impression lambda sous réseau lenticulaire, sur dibon, diptyque, 120 x 215 cm l’ensemble
Peinture n°27, impression lambda sous réseau lenticulaire, sur dibon, diptyque, 120 x 215 cm l’ensemble
Peinture n°29, tubes fluorescents, élastiques de couleur, dimensions de l’espace : L 1750 x l 771 x h 875 cm
Peinture n°30, tubes fluorescents, élastiques de couleur, dimensions de l’espace : L 323 x l 771 x h 463 cm

Si Yann Lestrat produit des oeuvres qui peuvent exister de manière tout à fait autonome, indépendament les unes des autres, il a néanmoins abordé les salles du centre d’art comme un unique espace de perception. Ainsi, l’ensemble des oeuvres présentées à l’occasion de l’exposition formait une vaste installation, composée par une série de quatre diptyques et par des fils de couleurs tendus du sol au plafond et baignés d’une lumière intense (peinture n°29 et peinture n°30). Tels des paysages abstraits, les diptyques sont composés de bandes verticales qui apparaissent en relief et en mouvement grâce à la technique de l’image sous réseau lenticulaire.

Afin de réaliser ses peintures, Yann Lestrat se réapproprie et détourne avec humour cette technique habituellement utilisée pour produire des cartes de visite ou des images offertes dans les paquets de céréales. Il s’agit d’un dispositif optique qui juxtapose une série de lentilles et permet d’obtenir la vision en relief d’une image différente selon l’angle sous lequel on la regarde.Les images composées sur ordinateur sont codées pour être entrelacées en une image unique, qui est imprimée à la plus haute résolution possible. Le tirage est ensuite placé derrière le réseau lenticulaire, avec un parallélisme parfait par rapport au sens des lentilles.
Ce procédé montre à quel à point l’artiste est attaché à la perfection technique et esthétique de ces oeuvres, ayant recours pour cela aux sciences et aux technologies de pointe.
Les fils forment quant à eux une peinture dans l’espace en se juxtaposant/superposant selon d’inombrables combinaisons avec les diptyques et les murs, dont l’un laissé immaculé, forme une toile de fond pour les compositions abstraites qui se crééent dans le champ visuel du spectateur au grés de sa déambulation. L’atmosphère contemplative qui se dégage de ce dispositif et la résonnance des éléments entre eux pour créer une nouvelle dynamique, ne sont pas loin de la philosophie orientale telle qu’elle s’exprime par exemple dans l’art du jardin japonais.

 

Le recours à l’abstraction formelle dans ces oeuvres n’implique en aucun cas une abstraction des préoccupations du réel. Yann Lestrat met à l’épreuve la perception que nous avons de notre environnement en la perturbant par la résonnances des éléments, le mouvement des images ou encore la lumière intense. L’artiste entend ainsi révéler les troubles engendrés par nos systèmes de perception prédéfinis et par les structures normatives de notre société. L’expérience sensible éprouvée face à ces oeuvres rejoint également la réflexion sur la notion d’équilibre psychique, individuel ou collectif, menée par Yann Lestrat dans l’ensemble de son travail.


et in arcadia ego, 2005

photographies


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Monographie

Yann Lestrat

2005

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Exposition

Yann Lestrat

du 28 janvier au 13 mars 2005

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Édition d’objet

Nevroz

Yann Lestrat

2003